Nouveau défi pour les marchés financiers : Standard and Poor’s abaisse la note des Etats-Unis de AAA à AA+
Dans la nuit de vendredi, l’agence de notation Standard and Poor’s a, pour la première fois depuis sa création en 1941, retiré les Etats-Unis de sa liste des pays les plus stables financièrement, c’est-à-dire les plus sûrs ne matière de remboursement de leur dette.
L’agence, une des trois principales (avec Moody’s et Fitch Ratings, qui en revanche conservent la note de AAA pour les Etats-Unis) qui conseillent les investisseurs sur la solvabilité, la fiabilité et la solidité financière d’entité économiques, en particulier des Etats, a effectivement dégradé la note des Etats-Unis à AA+, soit un cran en-dessous de la note maximale. Cette décision, très lourde de conséquence pour les marchés financiers, s’explique selon Standard and Poor’s par le fait que le gouffre entre les deux principaux partis politiques du pays a altéré la confiance des marchés dans la capacité du gouvernement à gérer ses finances. L’impossibilité de prendre des mesures de redressement drastiques rendue récemment manifeste par la non-adoption d’un plan de rigueur et la frilosité des Republicains à augmenter le plafond de la dette est venue renforcer les doutes de l’agence de notation qui avait déjà envisagé une rétrogradation de la note américaine, affirmant il y a quelques semaines qu’il y avait une chance sur deux que cette rétrogradation se produise dans un futur proche.
Le gouvernement américain n’a évidemment pas tardé à réagir à la nouvelle, accusant d’emblée l’agence de graves erreurs de calculs, notamment d’une erreur de 2000 milliards de dollars sur les dépenses discrétionnaires dans dix années à venir et sur le ration dette/PIB.Les conséquences sur les marchés financiers, d’ores et déjà touchés par la baisse significative des bourses européennes et américaines depuis plus d’une semaine, pourraient être immédiates. Les bons du Trésor américains étant un étalon du coût de l’argent et un instrument utilisé comme garantie dans de nombreuses transactions, et un refuge pour les investisseurs, la confiance des créanciers internationaux, et singulièrement des banques centrales, pourrait être ébranlée et rendrait le financement de la dette américaine plus difficile. Les taux d’intérêt sur la dette américaine pourraient également augmenter entraînant des effets budgétaires graves : une hausse de 1 % des taux d’intérêt représenterait un coût de 140 milliards de dollars.
Mais au-delà des conséquences budgétaires, voire monétaires (cette nouvelle pourrait accentuer la faiblesse du dollar), des répercussions internationales sont à craindre. En Europe, les doutes sur la solvabilité de l’Espagne et de la Grèce sont forts, mais l’UE n’a plus les moyens d’organiser un plan de sauvetage de l’ampleur de celui mis en place pour la Grèce. Sans compter le fait qu’un tabou est tombé et que tous les pays européens autrefois considérés comme sûrs et vivant largement grâce à l’endettement (la France et la Grand-Bretagne notamment) ne sont plus à l’abri d’une rétrogradation.